🏑 Blessure Raphael La Villa Des Coeurs Brisés

HillaryVanderosieren est une candidate de télé-réalité connue pour être un personnage emblématique des Ch'tis sur W9. Hillary est née le 8 novembre 1991 et est originaire de Fleurbaix (62). Passionnée par la pétanque, elle a déjà été championne de France. Elle commence à travailler en tant que serveuse dans une friterie mais rêve de travailler dans le milieu de la nuit Eleanoret Edward Hamilton mènent une vie parfaite, mais ils cachent un secret qui menace de briser leur monde.Londres, 1929.Eleanor Hamilton est une mère dévouée et l'épouse adorée d'un célèbre héros 9,99 € Ajouter au paniershopping_basket. Paris-Briançon. Philippe BESSON. Paru le 6 janvier 2022 Le temps d'une nuit à bord d'un train-couchettes, une dizaine Anissa présente dans la 5e saison de 10 couples parfaits, est de retour dans La Villa des cœurs brisés. Une émission parfaite pour la jeune femme, qui semble avoir besoin des conseils de Lucie. LeLys dans la vallée Honoré de Balzac A MONSIEUR J.B. NACQUART, MEMBRE DE L'ACADEMIE ROYALE DE MEDECINE. '' Cher docteur, voici l'une des pierres les plus travaillées dans la seconde assise d'un édifice littéraire lentement et laborieusement construit ; j'y veux inscrire votre nom, autant pour remercier le savant qui me sauva jadis, que Leplus célèbre tournoi sur terre battue de la planète fait son retour du 16 mai au 5 juin 2022. Dès le 22 mai et jusqu’à la finale hommes du 5 juin, suivez la mythique quinzaine des Internationaux de France. Suivez l’intégralité de Roland-Garros et retrouvez tous les replays,et extraits du 16 mai au 5 juin 2022 sur France.tv. Grosseinquiétude sur le tournage de l’émission La villa des coeurs brisés 3 à Saint-Martin dans les Caraïbes. L’un des candidats, Raphaël Pépin, a eu un accident assez Lescandidats de La Villa des coeurs brisés 3 (NT1) ne s'attendaient pas à ce que leur soirée vire au cauchemar. Au cours de l'épisode du 15 janvier 2018, les téléspectateurs Téléchargerle livre La passion à fleur de peau de Nalini Singh en Ebook au format ePub sur Vivlio et retrouvez le sur votre liseuse préférée. Lavilla des coeurs brisés 4 episode 8 accessoire spa amazon je contacte femme cote d ivoire 29/07/2022. Attac s'engage pour Atrium massage livre escort girl edarling et elite rencontre meme site. Pour mariage au cameroun. Rencontre femme tahiti : rencontre femme je contacte cote divoire. Je ne veux et ne peux plus rentrer dans le carcan de la qOHlTj. EpilogueEt j'ai appris comment s'effondrent les visages, Sous les paupières, comment émerge l'angoisse, Et la douleur se grave sur les tablettes des joues, Semblables aux pages rugueuses des signes cunéiformes; Comment les boucles noires ou les boucles cendrées Deviennent, en un clin d'oeil, argentées, Comment le rire se fane sur des lèvres soumises, Et, dans un petit rire sec, comment tremble la frayeur. Et je prie Dieu, mais ce n'est pas pour moi seulement, Mais pour tous ceux qui partageaient mon sort, Dans le froid féroce, dans le juillet torride, Devant le mur rouge devenu aveugle. Anna Akhmatova, Requiem, trad. du russe par Paul Valet, Les éditions de Minuit, 1987 [page 41] J'aime les ateliers, leurs ouvertures sur le ciel du nord, leur atmosphère chargée de térébenthine. Espace fourmillant de pièges pour le regard même les fenêtres organisent un ciel ou une ville différents, dépouillés d'une part de leur profondeur car déjà pris dans un univers autre. Quant aux meubles, guéridons éclaboussés, nappes rigidifiées par des croûtes de couleur et bocaux de pinceaux, tout participe à la même amorce d'aplanissement. Alentour, des toiles et des esquisses donnent surface à la transformation du visible en image. Par elle s'accomplit le miracle de la naissance des objets, sous la caresse et dans la violence d'un geste ébloui. [...] Situé à mi-pente de la colline, son atelier ouvrait sur la ville par deux hautes fenêtres commandant une vue dont je me souviens mal. Un fouillis de toits et de clochers; la saignée du fleuve, peu distincte de cette faible hauteur, c'est tout ce qu'aujourd'hui j'en reconstrui. J'ai meilleur souvenir de l'odeur qui y régnait, faite de solvant, de poussière et de tabac. Durant trois mois j'ai vécu là, dormi dans ce désordre, à même le velours mauve d'un divan. Chaque matin la lumière et l'arôme du café m'éveillaient - à son chevalet Vincent peignait déjà. Un jour, éveillé tard, j'eus la surprise de me découvrir immobilisé sur la toile, le divan et moi pris dans le même réseau de traits hâtifs. J'éprouvais un malaise vague et le besoin de parce que la posture du sommeil fondait les lignes de mon corps aux arêtes d'un lit ? Une part de moi me semblait déjà revenue à l'inanimé. Il m'a fallu sortir, courir sur la longue levée qui borde l'église Saint-Nizier, respirer l'odeur douceâtre de l'eau, presque stagnante en ce petit bras de fleuve. Pendant ce temps Vinvent déçu recouvrait son esquisse de blanc d'argent. Plus tard il peignit par-dessus un autre sujet, de sorte que la forme entr'aperçue de ma mort n'existe plus que dans ma mémoire - et que c'est là, en dépit de la logique ordinaire, qu'elle m' VENET,Portrait de fleuve, Gallimard,1991, Ainsi donc, aucun progrès, pas le plus petit pas en avant, plutôt quelques reculs, et rien que des redites. Pas une vraie pensée. Rien que des humeurs; des varia- tions d'humeur,de moins en moins cohérentes; rien que des morceaux, des bribes de vie, des apparences de pen- sées, des fragments sauvés d'une débâcle ou l'aggravant. Loin de l'aube, en effet. Ce qu'on ne peut pas dire, tout de même, parce qu'on l'a touché du doigt. La main froide comme une Philippe JACCOTTET, Ce peu de bruits, Gallimard, 2008, Sculptures vues à Pérouges Ain I Je n'ai pas vu tout à fait ce que tu me demandais. Puis te voir. Une auréole ne s'est pas brisée. La table du sacrifice dont tu élis la nostalgie est au simple une seule mer et sa liturgie. Celle-là encore réunit. Comme elle exalte l'aventure ! [...] II Nous redressions cette nef sans fin qui un jour nous emporterait dans le don privé de notre resonnaissance mutuelle. Ce que nous avions traversé, les ponts que nous avions jetés, les demeures que philosophalement nous avions bâties, le coeur avec ses chambres, tout cela le conformait dans notre vision, elle ravivée,que l'échappée mortelle situait encore avant de la réunir et de la réorienter dans sa traduction définitive. III Nous étions souvent à nos fantasmes comme si une soumission presque aveugle à ceux-ci nous était parfois nécessaire. " Je verrai avec toi " disais-je. [...] A Platanos nous nous "manquâmes". ______ Christian GUEZ RICORD, La Secrète, Fata Morgana, R Il nous aurait fallu un peintre pour sceller tout ça la pluie le sang les larmes gravissant ton cou jusqu’au grand vide de l’œil trop blanc avec les paysages d’amour entassés dans la poussière des marchés aux puces un peintre oui pour faire revivre le raz-de-marée qui nous a pris les mots qui nous a pris R la science de toi commence où je m’écroule avec les théories et la peur d’être vide un autre corps à vivre un dernier calcul pour tout inverser du siècle et de l’art je jure enfin de te donner mes ailes afin que s’épuisent les pâles couleurs du ciel où les hommes ont appris aux hommes à ne pas disparaître à ne plus rien vouloir R Kim DORÉ, Le rayonnement des corps noirs, POETES DE BROUSSE, 2004, une tentative de conversation entre claude favre écrits raphaël sarfati illustrapillage * * d’abrupt constat d’échec en prose que dire écrire de galopade en vers cours forban à l’enjambement et n’ évite ni chute ni suspens tu te surprends au coup de rein auquel français rechigne tu commences à tu dézingues ah * * langue ne se cuisine qu’écorchée peaux des questions toute une histoire pas d’idées de valse éternité mais âneries d’avanies sans destin qu’en pleurs je distille ma vie le sel des phrases je le dois à autrui * * ça laisse pas d’traces une conversation tu parles tout de go confabules par travers sans entendre ni saisir un silence comme un geste ou un mot tu parles si pas d’traces on en dit des bêtises laisse des traces on en dit des horreurs laisse des traces [ … ] * * * cette plaquette rose a une longue petite histoire. Demandez la nous, ou inventez en une raphaël sarfati melchiosor claude favre jesaispasécrire De * De Claude Louis-Combet maintenant [ Du sens de l’absence, Lettres Vives ] Comme si la terre se retirait, comme si le lieu, s’écartant de nous, s’ouvrait progressivement jusqu’à n’être plus que béance illimitée – ainsi qu’une bouche, celle d’un enfant ou d’un mourant, qui, dans l’extase d’un instant, oublierait de se refermer ; comme si l’horizon, dans sa fuite, laissait entrevoir son au-delà de vide, d’immobilité et de néant ; comme si les lieux, sensibles entre tous, que furent le jardin, la maison, prenaient leurs distances dans la mémoire et s’étendaient comme seuls en eux-mêmes et pour rien ; comme si le refuge, d’avoir été déserté, perdait tout pouvoir d’accueillir et d’abriter – c’est ainsi que prend corps le dernier paysage. Et si nous ne sommes pas réellement étonnés de tant de vacuité dans le territoire qui nous est assigné et que, par habitude, par entraînement et sous la pression de mille urgences, nous nous obstinons à parcourir, c’est que, depuis longtemps, depuis toujours peut-être , nous soupçonnions les choses d’être plus creuses qu’elles en avaient l’air. * Et il me vient à l’esprit la certitude que l’écrivain se borne à arpenter ce territoire de l’absence, non à le féconder, labourant son lopin ou son champ, mais à le traverser, l’investir, la parole nécessitant elle aussi ronces et genêts, mottes grumeleuses et éboulements, de telle façon que la littérature ainsi que je la comprends relèverait le défi d’une vie occulte, cette vie mourante des choses effondrées m’aventurai-je, qui, dans l’anarchie de la mort, revivent, reviennent, s’incarnent à nouveau pour être la solution – le résidu dissout veux-je suggérer – des interrogations humaines. Là, dans le langage, l’improbable a lieu sous forme de friche, lieu équivoque de l’insoupçonnable, lien touffu, impraticable et non –lieu cependant, palimpseste, portulan, carte du Tendre… Dans la friche abyssale du natal, il est une étoffe lacunaire d’imprécations, de sentences, d’effusions et de haines. Un charnier d’illusions. La rigidité broussailleuse de l’infini qui nargue éperdument la finitude… * Lionel BOURG, Friches, cadex éditions, 1993, - 37. * MA CHAMBRE * * Ma demeure est haute, Donnant sur les cieux ; La lune en est l’hôte, Pâle et sérieux En bas que l’on sonne, Qu’importe aujourd’hui ? Ce n’est plus personne, Quand ce n’est pas lui ! * Aux autres cachées, Je brode mes fleurs ; Sans être fâchée, Mon âme est en pleurs Le ciel bleu sans voiles, Je le vois d’ici ; Je vois les étoiles Mais l’orage aussi ! * Vis-à vis la mienne Un chaise attend Elle fut la sienne, La nôtre un instant D’un ruban signée, Cette chaise est là Toute résignée, Comme me voilà ! * Marceline DESBORDES-VALMORE , Préface Yves BONNEFOY nrf Poésie/ Gallimard, 2005 , Dans un LIVRE NUMERIQUE paru chez REMUE-NET ! Allez-Y ça pulse sur l' écran ! C'est beau et c'est vivant ! Ce Causeur là prend son envol poétique ! Ici nous sommes fiers d'avoir cru et de croire en lui... Merci à François BON de l'avoir épaulé pour la bonne Cause ! Armand Dupuy Distances "On n’essore pas les images. Rien qu’un fluide dans l’oeil ou la mémoire." CLIQUEZ SUR LE LIEN CI-DESSOUS 2008-10-29 45 5,50 euros publienet_DUPUY02 Ce qui serait la preuve que rentre dans une phase adulte du site, c’est ce texte Distances. * Ecrit par un poète lyonnais, il suppose – parce que poésie en acte, en travail, renvoi des mots vers le monde, retour du monde sur la langue, qui se disloque, se recompose, assaille – une mise en page qui intègre l’écran, la tourne, qui interroge le temps où soi-même on est happé à ces mots, et par où ils vous emportent au travers même de l’interface technique ce que le livre était aussi travail dans les deux sens, du texte vers l’intérieur de soi-même, et le silence, et le chuchotement ou le cri, travail de soi vers ce que le texte montre, le monde inatteint, inatteignable. Âge adulte pour parce qu’il s’agit d’un auteur lui-même tenant sur Internet un blog tessons, où la langue se risque au quotidien, aux images, à la lecture critique. Et qu’on peut sur le blog d’Armand Dupuy accéder directement à ses textes sur le choix pour nous tous de travailler en équipe, de constituer avec chaque auteur un parcours. Âge neuf puisque la mise en page est-ce que le mot est pertinent ? j’aurais presque dit l’activité lecture est proposée pour par Fred Griot, non seulement ils ont travaillé en binôme, celui qui écrit et celui qui met en page, mais ont repris le premier texte en ligne d’Armand Dupuy, dehors / hors de / horde, qui nous faisait entrer dans les prisons de Lyon, où la langue qui s’y joue. Âge neuf, puisque le travail du poète et le travail des peintres ont toujours interféré. Et que l’outil numérique permet, en très grande simplicité, de porter ce même risque à la surface du texte – qui ici est accompagné, ou se rejoue, avec des peintures de Barbara Schroeder, Anne Slacik et Aurélie Noël. Avec des liens interactifs dans le PDF qui vous emmèneront du texte vers les univers des artistes. Un grand merci donc à Armand Dupuy et Fred Griot on l’impression que l’importance de certains textes, en dehors de leur propre démarche et conquête de langue, c’est ce qu’ils déportent ou multiplient pour l’ensemble des autres, et le support par quoi ils nous adviennent... FB * La réalité ne tient pas. Si on ne veille pas, chaque jour, à l’exacte distance entre chaque chose, on perd sa place. La réalité n’est rien. Et madame Lure ne veille plus. * E Les images sont vivantes. Mille fois plus vivantes que tout ce qui se prend, occupe sa place sous l’œil ou dans les mains. Les images secrètent des images. En abondance. Les images n’ont besoin que de caresse pour vivre. Et madame Lure sait maintenant. La paume ouverte. L’image s’apprivoise avec la peau. Il suffit d’offrir la peau nue. Il ne faut pas avoir peur. L’image s’arrime à chaque nouvelle parcelle offerte. L’image est une plante grimpante qui n’a aucun besoin de terre. Elle trouve sa vie au pied des gens, au pied des choses, dans les interstices laissés par la vie. L’image est tenace. On la croit morte, elle respire. Rien n’y fait. Elle se nourrit de notre pas, de notre vue. L’image multiplie le monde. Jusqu’où ? C’est une vertige. Madame Lure a senti. Il y a une sorte de bonheur à laisser le monde se peupler. De rien. * G * Jeanne BENAMEUR, Les Mains libres, Denoël, 2004, * L’ARBRE SEUL JJJJJJJJ * On connaît les intentions de l’arbre planté seul dans une plaine de blé dur ou de betteraves industrielles. Il voudrait petit à petit gagner du terrain et rejoindre un autre de ses semblables. L’arbre a l’esprit de reconquête. Il a ses réseaux souterrains et des alliés en surface. Il faudrait le couper. La plaine en serait plus vide et plus elle est vide, plus elle se sent plaine. * * * L’ARBRE GÉNÉALOGIQUE QQQQQQQQ * Quand on regarde globalement un arbre généalogique, on repère parfois un homme seul, pas de femme, pas d’enfant, c’est une branche morte, un curé ou peut-être autre chose. * PPPPPPPP * Par contre en d’autres endroits, c’est la grande mêlée, des mariages consanguins, des enfants inexpliqués les branches s’entrecroisent, des familles nombreuses, des veuves vite remariées, des filles-mères, c’est de plus en plus touffu on a du mal à pénétrer, ce n’est pourtant pas la forêt vierge. * _^^_^_^_ * David DUMORTIER, Ces gens qui sont des arbres, Cheyne, 2007, 3° Edition, 34-35. * Le fond de ma pensée, c’est que la poésie est la fabrique de la langue. Ou alors, pour le dire de manière plus provocante, que la langue n’est que de la poésie figée. Pratiquement, chaque mot que nous prononçons relève peu ou prou de la catachrèse, c’est à dire qu’à l’origine c’était une métaphore – une trouvaille poétique – que l’usage a lexicalisée », qui est rentrée dans le rang. Si j’ai raison, alors la poésie serait l’effort perpétuellement recommencé pour renouveler à l’aide d une métaphore, notre vision du monde, en sachant très bien qu’à l’instant d’après, la métaphore, telle le soleil de Baudelaire, se sera noyé[e] dans son sang qui se fige » - et que tous sera à recommencer. * Abraham BENGIO, Quand quelqu’un parle, il fait jour, Une autobiographie linguistique, La Passe du Vent, 2007, - Catachrèse Effet de rhétorique consistant à utiliser un mot en dehors de son sens Une dent de Un pied de chaise. * Quelqu’un demande où l’on va. Peut-être vers ce qui dénude ; peut-être allons-nous vers une ombre qui permet de voir, ou un regard qui fait que l’on n’est plus enfermé. Peut-être allons-nous ainsi . * Le rivage ne sauve plus. Dans ce qui se retire ainsi, - où nos pas se maintiennent-ils ? – je m’appuie à la terre, à l’heure de ce jour, à la nudité d’un arbre qui est aussi la mienne. * Derrière moi, quelques villes. Je ne cherche plus à savoir qui je suis mais comment être. La vie nous entoure, qui ne départage plus l’ici et l’ailleurs. * Ce qui se laisse saisir de l’étendue n’est jamais qu’une ligne inachevée qui se tient sur le rebord du monde, perd pied un instant pour être aussitôt apaisée par l’invisible. Nos souvenirs s’échangent contre une ou deux certitudes. Le paysage m’ébranle encore, me permet de croire à ta voix. Maison commune du souffle, distance soutenable, - enfin soutenue. * Hélène DORION, Un visage appuyé contre le monde, Editions du Noroît, 2005, […] Avec mon sang aux mille oiseaux J’ai marché tout au long de la terre * J’ai ri de l’argile J’ai renié le temps J’ai su parler à l’étranger » Parle, toi , l’Anonyme ! * Face ultime, face gommée Face muette qui m’habite Face unique, face mêlée, Où fermentes-tu ? Parle ». * Richesse des tissages, métissages ? * ASSOCIATION * III C’est l’automne, tu rêves de grands lévriers, leurs bonds les enverraient courir entre les vignes dans l’air éparpillé en batailles d’oiseaux, ce serait l’aube, ils frôleraient une limite. * Entre ses doigts piqués au sang par des épines quelqu’un tiendrait la rose venue du fond des nuits. son odeur exaltée nous conduirait vers elle sûrement, bien qu’elle soit à nos yeux invisible. * Que dit un rêve ? La voix désignée par la nuit aux signes équivoques, à travers ton corps sourd ? L’avènement d’amour que berne chaque jour ? * Dans la plus simple vie , y aurait-il parfois un lieu inchoatif *, une vigne où le bond garderait le souvenir des chutes et de l’envol ? * * ______________ Andrée CHEDID, Rencontrer l’inespéré, Paroles d’Aube, 1998, * inchoatif adjectif qui exprime le commencement d’une action ou d’un état. * Y. N. / Est-il pour vous important que le poète s’inscrive d’une manière ou d’une autre, dans la cité ? J. P. S . / Je le dis sans état d’âme. Notre action est politique en ce sens que la poésie qui exerce le muscle de la conscience et offre accès à une langue et à des représentations du réel d’une liberté sans compromis contribue à ce qui devrait fonder une société humaine la prise en compte ordinaire, lucide et dynamique, des conditions de l’existence, le dépassement des modes dominants du sentir et du juger, le questionnement incessant de la relation à soi-même et aux autres. C’est me dira-t-on, l’enjeu de tous les arts. Certes, mais je crois que la poésie, au cœur de tous les arts, en les l’expression la plus universelle et la plus exigeante. Un diapason en quelque sorte. La poésie est une objection à la médiocrité et à la vulgarité, aujourd’hui peut-être plus que jamais. Il suffit donc au poète pour être utile à la cité d’être pleinement, farouchement poète. * Jean-Pierre SIMEON, Usages du poème , Conversation avec Yann Nicol, La Passe du Vent, Octobre 2008 , * * Les ciels se déchirent, des écrans d’époques diverses glissent, pendant qu’un enfant bat des mains au premier plan. * Ses rires font frémir les visages anciens en leur tendresse lointaine, en leur désir de franchir le pas de revenir de notre côté du siècle ; * On laisse derrière soi des portes battantes sans souci de ceux qui pourraient s’y glisser. * * * On prie le regard de ne pas chercher à savoir qui est là de nos anciennes paix ou de nos rages, * pour crocheter de nouvelles serrures et ouvrir sur la mer des baies de soleil. * * * Danièle Corre, Voix venues de la terre, Encres de Judith Rothchild, Editions Jacques Brémond, Juin 2005, * * Dessin de Tanguy Dohollau Dans l’idée de L’ELOGE DE L’AUTRE et pour FÊTER tranquillement la 1000 ème note du BLOG de LA CAUSE DES CAUSEUSES né en Décembre 2004 , j’ai décidé d’accueillir quelques bribes de l’œuvre de HEATHER DOHOLLAU . Cela revêt un caractère symbolique, à la fois parce que la voix des femmes en littérature doit plus que jamais monter en résonance, et aussi parce que l’idée du multilinguisme me paraît le seul pare-feu utilisable contre la bêtise du libéralisme outrancier et son lot de violences protectionnistes sur une planète en déséquilibre inquiétant. ¨ LE LECTEUR * Toujours quand il se déplace Il cherche des livres Même dans les langues Où seulement quelques mots Criblant de trous épars Le clos des pages Laissent passer un peu d’air Pour les bêtes de sens * Car dans les lieux de livres Est la face du monde Qui s’est tournée vers lui Leurs titres regardent et fixent Sur le seuil oblique Son ombre de passage Lui donnant par la vitre Une chair de mots * Mais une fois dedans Et tout tournoie Dans cet espace de ruche Aux lueurs de miel Car partout l’on fait signe Un vertige brouille Où penche en son oubli Une échelle d’ange * ¨ * * * Heather DOHOLLAU , La terre âgée, Folle Avoine, Quelques Bribes également de LE CLEZIO Prix NOBEL 2008 de LITTERATURE , qui a compris depuis longtemps le sens inique et dévastateur des frontières, s’agissant d’écrire et d'aimer au delà des horizons imposés, à la recherche de l'humain aux yeux clairs... Je suis contente … TJN * L’île se ferme Sa fourrure sombre se resserre sur les lèvres de sa Plaie Sur les traces des viols Sur les meurtrissures Le vol des âmes et des masques Les rêves d’or et de domination Ceux qui étaient venus sont repartis Sans laisser d’adresse * Or la terre pleurait, sachant qu’elle est l’éternité* * Edouard Glissant, Les Indes, La conquête ». * ETO LE CLEZIO, Raga, * Approche d'un continent invisible, Seuil, 2006, * Ne me demandez pas la dernière jaquette de JMG , elle est chez mon fils qui a reçu le livre en cadeau pour son anniversaire le 4/10/08. * Toi aussi tu es colline et sentier de rochers, brise dans les roseaux, et tu connais la vigne qui se tait la nuit. Tu es sans paroles. * Il y a une terre taciturne et ce n’est pas ta terre. Un silence qui dure sur arbres et collines. Des eaux et des campagnes. Tu es silence muré, Inflexible, tu es lèvres, sombres yeux. Tu es la vigne. * C’est une terre qui attend et qui est sans paroles. Des journées ont passé sous des cieux enflammés. Tu as joué aux nuages. C’est une terre mauvaise – et ton front le sait bien Ça aussi c’est la vigne. * Tu retrouveras nuages et roseaux, et les voix comme une ombre de lune. Tu retrouveras des paroles par-delà la vie brève et nocturne des jeux, et l’enfance fervente. Le silence sera doux. Tu es la terre et la vigne. Un silence fervent Brûlera la campagne comme les feux au soir. * 30-31 octobre 1945 * Cesare PAVESE Travailler fatigue , Extrait de La mort viendra et elle aura tes yeux, nrf Poésie/ Gallimard, 1995 L’ ENFANT COQUILLAGE Edité chez Gecko jeunesse, Au fil de soi , 2008 Au commencement du monde l’ Enfant était océan… * Il n’est pas né comme les autres Il n’a pas crié, comme eux, sorti du ventre de sa mère. * Clovisse est resté coquillage comme au temps des temps anciens * _________________ * Pourquoi ne puis-je toujours demeurer sur la terre ? pleura-t-il une nuit. * Ici les poissons m’ennuient, qui n’ont rien à me dire, ma coquille est lourde et je n’ai pas d’amis. * Le grand silence qui suivit lui apprit qu’un enfant coquillage, une fois sorti de l’eau, est frêle et sans défense ; qu’il doit retourner chaque soir au fond de l’océan pour regagner ses forces. * _____________ Un conte poétique de Anne LAURICELLA , l’une des biographes de Charles JULIET Charles JULIET, d’où venu ?, auteur jeunesse La fille aux yeux de pluie et poète Dakar d’Avril Illustré par Claire DEGANS * qu’est-ce que l’amour * le regard va vers le visagetouche dessus l’épaisseur du tempstrace dedans la plaieoù perle un peu de tuvoit tomber la syllabe noireparmi le silence blanc dans la durée de l’osécoute le halètement*traversent la peau vont et viennent du cœur aux yeux une bulle dans la têtevisages de ventderrière le visage * sont du tempsmais de quelle étoffepareils aux imagesqui contiennent celaqu’elles ne contiennent plus * Bernard NOËL, L’ Ombre du double, 1993, * * On ne dit pas bonheur au moment du bonheur * Non. C’est seulement entre souvenir et attente qu’on retrouve ce maigre vocable tout de même poreux à l’espoir. * En nous , ce mot dérouté ce mot un peu fleur bleue, * notre apanage au moins, appelle un autre avènement de joie. * Marie-Claire BANCQUART, VERTICALE DU SECRET, OBSIDIANE , 2007, p. 65 . * Livre emprunté à la Bibliothèque Municipale avec code barre... * Poème d’Ernest HEMINGWAY, choisi en pensant aux hommes de couleur qui travaillent en 2008 , dans les sous-sols de la place B. à laver les bagnoles, sous la lumière artificielle et les gaz d’échappement… Ou aux familles Roms à la rue qui refusent le principe de dispersion et la dilution de la question de fond qu’ils posent leur droit à l’existence digne. Des hommes un jour ou l’autre interchangeables, voire expulsables… Nous n’en finissons jamais avec nos manières de maltraiter l’humain … Nous sommes tous responsables. ___________ * Le travailleur * Au fond des tripes étouffantes du navire Le chauffeur balance sa pelle Là où commandent les aiguilles Tremblotantes du manomètre Là où se déchirent muscles, tendons et nerfs Et où il fait plus chaud encore qu’en enfer, Il s’échine dans sa cage à poule étouffante. Son existence se passe à cuire et suer Tandis que souffle et rugit cette fournaise, Mais il se bat contre vents et marées, Et tout cela pour que vous puissiez avancer ; Dans le même temps, cependant , il vit, Puisqu’il travaille, dort et se nourrit. * Oak Park, 1917 Tabula mars 1917 ____________ * Ernest HEMINGWAY, 88 poèmes, édités par Nicolas GEROGIANNIS , traduit de l’anglais par Roger ASSELINEAU, 1984, Gallimard, Mothers Difficile d’écrire sur son propre travail. Que dire ? Je parlerai d’elle, de la mère. La mère des Journées entières dans les arbres et celle du Barrage contre le Pacifique sont les mêmes. La nôtre. La vôtre. La mienne, aussi bien. Celle-ci, que j’ai connue et aimée, était française. C’était une femme du nord de la France. Fille de cultivateurs des Flandres, de ces plaines à blé, sans fin, du nord de l’Europe. Elle aurait maintenant cent ans elle avait eu son dernier enfant vers quarante ans. Bonne élève. Boursière –comme moi plus tard- elle avait fait des études d’institutrice. A vingt-cinq ans, elle était partie en Indochine – on devait être entre 1905 et 1910. Et là, dans les villages de la brousse, elle avait appris le français et l’arithmétique aux petits Annamites. A l’époque, la piraterie régnait en Indochine, et il y avait, de la même façon, la lèpre, la faim et le choléra. Rien n’avait arrêté ma mère, et elle parlait de sa jeunesse là-bas comme une période de bonheur. Puis elle s’était mariée et on était venus trois enfants. Quand je pense à elle, maintenant, c’est sous nom de jeune fille que je la vois Marie Legrand. ___________________ Marguerite DURAS, Le Monde extérieur, Outside 2, 1993, Antoinette Fouque présente ... ____________________________ LA BIBLIOTHEQUE DES VOIX J'ai cherché... lu par l'auteur et Valérie Dréville "Celui qui veut à toute force se rendre libre a beaucoup à se battre. Mais si un jour il arrive à jeter bas les murs de son cachot, puis à déboucher en pleine lumière, il lui est donné d'accéder à la connaissance recherchée, et en lui, la peur, la haine de soi, l'angoisse et une certaine culpabilité cède la place à une paix, une force, une foi en la vie qui feront que son cercle ira toujours grandissant." ___________________________________ Texte intégral - 1 CD - 64 minutes. Enregistrement réalisé en 2008 Réalisation / Marie Gamory Photo John Foley / Opale * Boire / Je * Boire. Etre dominée par l’envie de, le besoin de, être dominée par. * Pas de doutes. Je ne choisis rien. * Emportés par notre propre conversation, nos corps ivres jouissent de tous ces mots qui jaillissent, fiers de leur élan, oublieux de leur sens. La bouche qui s’excite à défaut du reste. Parler pour ne rien dire ou plutôt parler pour ne rien faire. * J’évite les boissons sophistiquées, les cocktails , les mélanges prêts à boire, les pailles aux embouts mobiles, les cuillères fluos, les décorations en papier, les rondelles de fruits. L’alcoolique se fiche des apparences. J’aime boire sobrement . Le comble. * Et pourtant détester boire dans des verres en plastique. * … * Et ceux qui se souviennent à votre place le lendemain. … Boire pour supporter quoi exactement ? * … Autour de moi , des passants. Personne ne m’aide à me relever. C’est aussi bien, je ne le supporterais pas. * … * A un spécialiste, je dis je voudrais arrêter de boire. Il me donne le même document à lire que l’an passé. * … * Sur un carnet , j’écris que boire met le temps à la verticale. * … * ____________________ Fabienne SWIATLY, Boire , ego comme x , 2008, p. 61, 64 , 69 ,70,74,78, 80. I think no one has ever slept but he Who gathers the past into stories Magic moves from hand to hand Somebody is smiling in one of our costumes Somebody is stepping out of a costume I think that it was invisible means * Je crois que personne ne s’était endormi sauf celui qui rassemble le passé dans ses contes La magie passe de main en main Quelqu’un sourit dans un de nos costumes Quelqu’un s’évade d’un costume Je crois que c’est ce qu’invisible veut dire * 4 Juillet 1963 Rives – Kosko ______________ LEONARD COHEN , Poèmes et Chansons , 10/18 , 1975 * Ma grand-mère abrite une lune dans son armoire Avant de dormir elle ramasse les ombres les feuilles et les chauve-souris Mais les ombres lui échappent et retournent aux arbres […] Avant de dormir Grand-mère inspecte les chambres Elle raconte que le Sultan avait attrapé les quarante voleurs sauf un […] La lune est un enfant qui joue dans les champs où Grand-mère passe ses heures creuses à chercher un enfant qui s’est perdu dans les champs […] Grand-mère cultive des lunes dans son potager Elle se lève la nuit et les arrose à l’eau- de –vie […] Si Grand-mère était une lune elle aurait détourné la terre tourné autour de la nuit à la recherche de Grand-père * _____________ Grand-mère arrose la lune, Texte de Jean ELIAS, Illustrations d’ Anastassia Elias MOTUS, 2006. * Gildas Je voulais… Je voulais effacer un mauvais rêve. Remettre les choses en ordre ! Je dormais, tranquille, et vous arrivez, et vous me menacez… […] J’ai rien demandé à personne. Je vis dans mon coin, tranquille, tout seul, je fais pas de bruit, j’emmerde personne, je parle à personne, je fréquente personne, ni les gentils, ni les pas-gentils, je suis en régle avec tout le monde, les commerçants, les impôts, les organismes, tout ! Vous entendez, je suis bien avec tout le monde ! Je veux qu’on me foute la paix ! Qu’on me laisse tranquille. Tranquille. Soyez gentille, je dirai rien à personne, partez, laissez-moi. Je dirai rien à personne, promis. * Bûchette Mets les pouces , petit père, ça sert à rien de flipper. Tu sais quoi ? J’ai la dalle ! Il aurait pas des noisettes en stock le petit écureuil ? * Gildas Vous… vous voulez manger ? Vous avez faim ? * Bûchette Comme on dit, les émotions… * ____________ Site HOMBRE DE NADA Denis MARULAZ, Trois p'tits coquelicots , Théâtre, Forcalquier2004/2005, Ecrire… Tu écrivais toi Eugénie ? Tenais-tu un journal intime bien caché en dessous de ton lit ou dans un coin précieux de ta vie, connu de toi seule ? As-tu toi aussi trouvé dans les mots compréhension et complicité ? J’espère que tu as bien caché ton cahier pour qu’il ne soit pas trouvé par des yeux indiscrets, qui se seraient arrogé le droit de regard et de condamnation sur tes petites paroles ? Je l’espère, je l’espère de tout cœur, parce que c’est arrivé à Elle, tu comprends ! * Et après ça, ses mots se sont tus, le cahier est resté fermé pour toujours ou plus exactement, il n’y a plus jamais eu de cahier, sinon ceux de l’école. Mais ceux-là n’étaient pas de vrais cahiers… juste des cahiers pour donner des réponses bien souvent marquées de rouge… * Et il n’y a plus qu’à l’école que les mots s’en sont donné à cœur joie. Papoti-papota dans tous les coins de la classe, en sourdine, ou en éclats. D’ailleurs dans ses bulletins chaque semaine des mots rouges accusateurs parlaient de son incessant bavardage et de son incurable distraction en classe… * […] * Elle est assise sur son banc d’écolière. Mais elle n’est pas vraiment là, dans cette classe de petites filles en chaussettes blanches et jupes bleues sagement plissées, sagement rangées dans les bancsj attentifs. Elle ne regarde ni l’institutrice qui s’emberlificote dans des explications embrouillées, ni le tableau sur lequel des hiéroglyphes illisible sont venus s’inscrire, ni ses voisines de classe qui se chuchotent des petites confidences de filles. * […] * Ses livres scolaires lui ont juste appris que deux et deux font quatre. Et que Paris est la capitale de la France. Et que le temps suspend son vol . Et que rosa rosa rosae rosam rosa. Et que she is a girl. * Bon d’accord Eugénie, pas rien que cela, mais de l’école, à peu de choses près, elle ne se souvient que de ça ! * ____________ Nicole VERSAILLES L’enfant à l’endroit l’enfant à l’envers, Préface d’Armel Job, Editions Traces de vie, , 88-89, Avril 2008 . Site Courriel tracesdevie * Si les boîtes aux lettres savaient avec quelle fréquence les hommes se tournent vers elles pour qu’elles décident de leur sort, elles n’auraient pas l’air aussi humble. Moi, en tout cas, j’ai failli couvrir ma boîte aux lettres de baisers et, en la regardant, je me suis rappelé que la poste était le plus grand des biens !… Quiconque a jamais été amoureux se rappellera que, lorsqu’on a mis la lettre dans la boîte, on se hâte d’ordinaire de rentrer à la maison, on se couche et on attire sa couverture avec la certitude que le lendemain au réveil on sera envahi par le souvenir de la veille, et qu’on regardera avec extase la fenêtre par laquelle la lumière du jour se frayera un chemin à travers les plis des rideaux … * Mais revenons à nos moutons…Le lendemain à midi la femme de chambre de Sacha m’apporta la réponse suivante Je suis ravie venez absolumant nous voir aujourd’hui s’il vous plaît je vous attends . Votre S . » Pas une virgule. Cette absence de signes de ponctuation, la lettre a dans le mot absolument », toute l’épître et même la longue enveloppe étroite dans laquelle elle était glissée, emplirent mon âme d’attendrissement. Dans l’écriture large mais irrésolue, je reconnus la démarche de Sacha, sa manière de lever haut les sourcils quand elle riait, les mouvements de ses lèvres… Mais le contenu de la lettre ne me satisfit pas. D’abord on ne répond pas comme cela à des lettres poétiques, et ensuite à quoi me servirait d’aller chez Sacha et d’attendre que sa grosse maman, ses frères et les bonnes femmes qui vivaient des largesses de la famille eussent enfin l’idée de nous laisser seuls ? Cette idée, ils ne l’auraient même pas, et il n’y a rien de plus déplaisant que de contenir ses extases pour la seule raison qu’il vous tombe dessus une tuile humaine sous la forme d’une vieille à moitié sourde ou d’une petite fille qui vous assomme de questions. J’envoyai avec la femme de chambre une réponse où je proposais à Sacha de choisir comme lieu de rendez-vous un jardin public ou un boulevard. Ma proposition fut agréée volontiers. J’avais tapé, comme on dit, dans le mille. * Tchekhov, Nouvelles, L’amour, Classiques Modernes, Le Livre de Poche, La Pochothèque, 1996, * Quand elle est arrivée ici , Louise, on lui a donné un tablier bleu comme aux autres, elle n’a rien dit, ni merci, ni rien. Depuis, toute la journée elle fixe un point n’importe où, sur le mur, au plafond, par terre, la tache sale au pied du lit, et elle croit voir sa maison aux volets verts, le potager au fond du jardin, les bordures de thym et de sarriette, et les touffes de romarin . À droite, l’oseille et le persil, et tout au bout dernière rangée , les groseilliers et les framboisiers ; au milieu, en bon ordre, les salades, les poireaux, les carottes. Sur le côté, la petite cabane pour ranger l’arrosoir et le raphia, les graines, le sarcloir, tout ce qu’il faut pour que le potager s’aligne fièrement aux premiers rayons du soleil. * Louise se balance sans rien dire, son regard perdu suit le tour et les détours de sa vie. Une petite vie de rien avec un rien de bonheur pas plus grand qu’une graine de capucine. * Mais son vrai tablier, son vieux tablier bleu délavé, son tablier de tous les jours, ce tablier où elle a laissé passer, docile, l’empreinte des années, ce tablier qui lui ressemble, où est-il ? Elle a beau chercher obstinément au fond de sa tête, elle a beau laisser, des heures durant, son regard accroché au mur blanc de la chambre, sans bouger, elle ne sait plus. A la porte de la cabane du jardin ? Au sous-sol ? dans le grenier ? Dans la grande poche droite il y avait une ou deux épingles à linge, un bout de raphia, de la lavande séchée, une coquille d’escargot jaune et marron, trouvée près des potirons, et mille souvenirs qui chatouillaient encore sa main, des souvenirs qui rendaient possibles tous les lendemains. […] * Sur le tablier qu’on lui a remis ici, il y a un numéro, mais il n’y a pas de poche. On ne sait jamais… Si le numéro qui doit porter le tablier mettait des ciseaux, un couteau, une lime à ongles ! On ne sait jamais avec eux ! Alors Louise se balance doucement. Elle voudrait bien se souvenir… * __________ Martine LAFFON, Le tablier bleu, Illustrations par Patrick DEGLI-ESPOSTI, Calligraphies de Marie BOURTROY , Préface de Kofi YAMGNANE , 5° édition, Editions ALTERNATIVES , 1998, De pierres en pierres j’ai marché au devant des écritures nomades. De celles dont on ignore parfois le sens, mais que des siècles ont maintenues. Et qui demeurent fidèles aux mains qui les gravèrent ou les inscrivirent. Fidèles encore aux êtres qui décidèrent de témoigner là pour quelque irréductible désir. Pour qu’une interminable plainte ne demeure pas sans écho. Pour que tout ne se perde pas des liens qui les avaient unis, un jour, au mystère du feu et des sources, ni du long chemin que parcoururent les nuages pour sertir la lumière au-dessus des collines. Pour que tout ne se perde pas du souffle de la nuit des corps. Pour questionner, peut-être. Ou pour répondre aussi d’une mémoire qui les éloignerait de la fatalité du vide et de la mort. * Un jour, j’ai donné votre nom à l’enfant qui courait seule entre les tombes, loin du chant des cigales, dans un autre pays de lumière et de vent où vous n’auriez été qu’une étrangère, mais où vous renaissiez pourtant par la simple magie d’un désir, comme si la petite fille toute vêtue de rouge qui inventait ce matin-là une marelle dont nul ne connaîtra jamais les lois, avait soudain votre visage. Celui qu’il fallait vous prêter pour ne pas vous perdre, pour ne pas laisser la vue s’écouler sans que quelque chose de vous put encore s’y reconnaître. […] Je garde en moi l’image d’une femme heureuse mettant au monde la mémoire d’un peuple. _____________ Jean-Pierre SPILMONT , Lumière des mains , CADEX Editions , 2001, 18, 25. * - Le Grand Meaulnes… Tu l’avais apporté après les vacances de Noël. Nous le lisions à l’étude cachées derrière nos dictionnaires de latin. Nous avions toutes pleuré sur le destin tragique d’Yvonne de Galais, sur l’amour perdu. - Des gamines romantiques… J’ai voulu le faire lire à ma fille, elle a dit, maman ça ne m’étonne pas que tu aies aimé ce livre, c’est bien toi. J’ai insisté, je lui ai demandé pourquoi mais rien à faire, impossible d’aller plus loin… - Peut-être voulait-elle dire … - Déjà à ce moment elle me reprochait… - Pas tes lectures tout de même. - Non, elle me reprochait de ne m’intéresser qu’aux vies gâchées. Au bout de la table Florence et Monique bavardent, s’amusent, plaisantent, Monique se lève, sa coupe de champagne à la main. - Je vous propose un toast à l’amitié, qui a créé cette pure merveille, craquante sur le dessus, onctueuse à l’intérieur, elle réjouit le nez, les yeux, la langue. Edith puis-je me resservir ? Sans attendre la réponse, elle se saisit de la pelle à gâteaux, coupe une énorme tranche qu’elle glisse dans son assiette. Le rire se communique des unes aux autres, tandis qu’elle savoure chaque bouchée avec des mines de chatte. - Je l’ai toujours pensé, les vrais artistes, ce sont eux. Les créateurs de l’éphémère. Qui fond dans la bouche… ___________________ Geneviève Metge , Récits de femmes, la passe du vent, 2006, Création de la couverture Charlotte Clément, Peinture La soupière, Chantal Roche détail. IX Fille de la force, fille des monts, maîtresse d’un corps épuisé, Fatigue, - voici l’heure enivrée. Que le chanteur hindou et noir distille son herbe poivrée, Liquide pieux, brûlant, rusé, Offert-offrant et poison-dieu et pétillante girandole… - Je bois ta fatigue, mon idole. Sur un rythme préparateur, j’incante O mortier ! o pilon ! Instruments d’un ivre sacrifice, Servants en marche balancés dans le quotidien supplice, O Genoux, o plantes, o talons ! * Broyez et tirez de ma chair oh ! le seul jus qui l’invigore Sucez mon humaine mandragore Pressez, foulez, et vendangez l’offrande à toi seul Thibet-Roi, Bétail assommé tout d’un arroi ! Troupeau haletant de mes membres ; dévotion inassouvie Ma peau se dégonfle de ma vie… Je la consacre et te l’accroche en un trophée, en un seul vœu Seul don de mon être qui se meut. * Victor SEGALEN, Odes suivies de Thibet, Mercure de France, 1963, * L’épouvantail a vacillé, il se tient maintenant tout de guingois. Aucun sang ne coule de sa blessure ; un trait d’ombre seulement s’allonge sur son torse. Le voilà promu cadran solaire. Un bœuf module un ample gémissement et, comme s’il s’agissait d’un signal secret, une grue à aigrette cinabre s’envole à tire-d’aile. Deux jeunes filles qui chantaient à mi-voix en cueillant des baies suspendent leur fredonnement ; elles lèvent le visage en direction de la grue, longuement la contemplent. La clarté du jour illumine leurs faces, mais la joie plus encore – il est si rare désormais de voir cet échassier qui, dit-on vit des milliers d’années et sert de monture aux Immortels. Les jeunes filles formulent le même vœu au fond de leur cœur en alarme amoureuse que leur amour reçoive le don de longévité et que toujours il demeure embrasé. Puis, plongeant les mains dans leurs paniers, elle emplissent leurs paumes de baies cramoisies et lancent vers le ciel cette semaille lumineuse en obole à la grue couronnée. Et elles se mettent à chanter, à voix pleine et enjouée cette fois. ____________________ Sylvie GERMAIN, Couleurs de l’Invisible, dessins de Rachid KORAÏCHI, Editions Al Manar, Méditerranées, 2003, * Même assis sur la terre Et regardant la terre, Il n’est pas si facile De garder sa raison Des assauts de la mer * * * En somme, avec toi, Qu’on soit sur tes bords, Qu’on te voie de loin Ou qu’on soit entré * Te faire une cour Que la courbe impose Où sont le soleil, le ciel et le sol * N’importe où qu’on soit, On est à la porte. * * * On est à la porte, On a l’habitude, On ne s’y fait pas. __________________ GUILLEVIC , Sphère, nrf Gallimard, 2003, Carnac, * A la suite de Rilke et de bien d’autres, je me range humblement mais fermement dans la cohorte de ceux qu’on peut qualifier, approximativement , de poètes de l’être ». Ceux pour lesquels la poésie n’est pas seulement un lieu où l’on vient consigner ses états de sentiment ou de conscience, les élans , les regrets, les tourments, les plaisirs d’un individu avide d’effusion. Au moyen du langage, qui contient en soi notre énigme, elle entend appréhender le mystère de l’univers créé et du destin humain, avancer une possibilité de connaître et d’être. Dans mon cas personnel, je ne recherchais pas une approche par trop facile et directe, en me complaisant dans la nostalgie personnelle, en composant des poèmes bien typés, c’est à dire brefs et elliptique, au charme extrême-oriental ». C’était peut-être ce qu’on attendait de moi. Ouvert à tous vents, surtout à ceux venus de ma terre d’accueil, j’ai subi influences et métamorphoses. J ai résonné à la voix orphique et christique. Une force inconnue, grandie en moi m’a poussé à devenir ce pèlerin », ce quêteur » qui tente de renouer non tant avec le passé qu’avec ce qui peut advenir. * ______________________ * François CHENG, Le Dialogue , Desclée de Brouwer, Presses littéraires et artistiques de Shangaï , 2008, p. 70-71 * Mais la voix revient, chargée de foin Où sommes-nous ? Quelle heure est-il ? Il n’est que maintenant. Et c’est le livre. Et je n’ai rien trouvé d’autre. Mais je sème. Tout ce que je suis. Pour qu’il y ait un chemin au croisement de nos voix. * Je me tais. J’écoute. Un oiseau s’est posé sur moi. Quelqu’un dans la haie a ouvert un livre malgré les épines. Car c’est ainsi dès que je touche le carnet il se détourne me distance exige d’autres bords . Je n’ai que sa blancheur toujours éparse laconique et moi mon chariot qui lui passe dessus comme de la craie. * Interrompu par le poème aux hanches étroites comme sur le cratère ou l’amphore où irais-je chercher ce qui de ma main à ma voix servira d’attelage ? * ____________ * Thierry METZ , TERRE, Opales/Pleine Page, 2000, 60, 61. En couverture Marc Feld, Sans titre. * Dans la chambre 206 j’avais donc ouvert ce cahier, écrit la date, vingt-cinq décembre deux mille quatre, cinq heures dix Il faisait encore chaud, le soleil n’était pas descendu sur les rizières et le site archéologique s’étendant derrière l’hôtel. J’avais laborieusement écrit deux pages. C’était difficile. Par quel bout prendre le récit de ma propre histoire de survivante ? Comment retourner dans cette nuit de pleine lune près d’une lagune africaine, cette nuit où je fus torturée par un homme parce que j’étais une femme à la peau blanche ? Maintenant, avec la monstruosité des murs d’eau qui ont déferlé sur les rivages en tuant, massacrant, des centaines de milliers de gens et en nous épargnant tous quatre, comment allais-je pouvoir dire une catastrophe antérieure, presque ancienne, et ne concernant que moi-même finalement ? * Assise en face d’elle, dans une pièce entièrement blanche, la moquette était couleur de neige, je lui ai parlé de la nuit de ce supplice au bord de la lagune. Nous buvions du thé, la théière en porcelaine était posée sur la table blanche, près d »un bouquet de lys. Elle a posé sa tasse sur la table, a cessé de parler, a fermé les yeux. Elle a dit lentement en gardant les yeux fermés Regarde en toi, si tu as été une victime c’est que tu le cherchais. Les bourreaux n’existent pas sans l’attente des victimes. Tu avais envie d’être torturée, d’être violée. Tu es responsable. Ne rejette pas la faute sur les autres ». * Je n’ai pas répondu. J’ai posé doucement la tasse de thé près du bouquet de lys. Elle continuait à fermer les yeux, son visage rayonnait d’une sorte de contentement. Elle pensait avoir mis le doigt, là, où je devais me jeter dans une révélation intérieure , dans un réveil de l’être . […] * Cette femme a rouvert les yeux , son regard était comme une lame. Elle a rajusté son écharpe blanche. Elle attendait. […] * À Ladoba, ai-je dit en me levant, on voyait les baobabs vaciller dans le brouillard de poussière. L’harmattan soufflait sans cesse. Nous avons dormi dans la maison d’un coopérant français près d’un puits du village. Le travail des puisatiers s’achevait avec la nuit et reprenait avec les premiers cris des pintades dans la brousse . Cette femme m’a regardée comme si j’étais devenue folle, j’ai vu du mépris et de la colère passer sur son visage. Elle a dit Tu ne me fais pas confiance parce que tu manques de confiance en toi-même, tu fuis dans la poésie ». En prenant ma veste posée sur le dossier du fauteuil blanc, j’ai souri en la regardant. J’ai murmuré que j’avais aimé voir la baobabs, ces arbres comme des colosses , au bois si léger, si vulnérable et que mes amis m’avaient montré la floraison si rare des baobabs dans cette lumière jaune des pays Tamberna. Et qu’en cela elle avait raison, c’était très poétique. […] * En passant la porte, je lui ai dit que c’était la première fois que je me souvenais si bien de cette escale à Ladoba et que j’avais la tête pleine de belles images. Qu’être torturée nécessitait de voir encore plus la beauté du monde et que je n’avais nul besoin du cauchemar qu’elle me proposait. * Et je n’ai plus jamais parlé de la nuit de la lagune africaine. * ______ Jacqueline MERVILLE, Juste une fin du monde , Editions l’Escampette, 2008, * _______________ Jacqueline MERVILLE aux MOTS DE MINUIT * DES MOTS du 3 septembre 2008 Emission visible pendant une semaine * Philippe Lefait reçoit Manoel de Oliveira, Bernie Bonvoisin, Jacqueline Merville, Marie Cosnay, Le groupe Trust... * MANIERE DE VOIR * Manoel de OliveiraActualité "Christophe Colomb, l’énigme" chez Epicentre filmBernie BonvoisinActualité sortie d’un nouvel album "13 à table" chez UniversalJacqueline MervilleActualité "Juste une fin du monde" Editions l’ OsnayActualité "André des Ombres", Editions Laurence Teper"Trois meurtres", aux éditions Cheyne"Les temps Filiaux", aux éditions AtelierTrustActualité sortie d’un nouvel album "13 à table", chez UniversalExtrait du spectacle "Tanguera" du 2 septembre au 21 septembre au Théâtre du Chatelet MUSIQUE Trust, pour la sortie d’un nouvel album "13 à table", chez UniversalExtrait du spectacle "Tanguera", du 2 septembre au 21 septembre au Théâtre du Chatelet COUPS DE CŒUR CDTrust"13 à table"chez Universal"Best of", chez Sony MusicLIVRESJacqueline Merville"Juste une fin du monde", Editions l’Escampette"L’ère du chien endormi", éditions Des femmes. Antoinette Fouque"The Black Sunday, 26 decembre 2004", éditions Des femmes. Antoinette Fouque"La multiplication", éditions Des femmes. Antoinette Fouque"La ville du non", éditions Des femmes. Antoinette Fouque"Dialogue sur un chantier de démotion", éditions Des femmes. Antoinette FouqueMarie Cosnay"André des Ombres", éditions Laurence Teper"Trois meurtres" aux éditions Cheyne"Les temps Filiaux", aux éditions Atelier"Que s’est-il passé ?" aux éditions Cheyne"Adèle, la scène perdue", aux éditions Cheyne"Villa Chagrin", éditions Verdier"Déplacements", éditions Laurence TeperMiguel Torga"En chair vive", chez José CortiAntoine de Baecque, Jacques Parsi"Conversation avec Manoel de Oliveira", éditions les Cahiers du CinémaBernie Bonvoisin"Du Pays des larmes au pays du sang", chez Stéphane Million EditeurDVDTrust "Soulagez-vous dans les urnes" chez UniversalManoel de Oliveira "Belle toujours", Films du paradoxeLenny Abrahamson "Garage" chez MK2 EXTRAITS "Christophe Colomb, l’Enigme", de Manoel de Oliveira, distributions Epicentre Films"Maria de Meideros", Le Cercle de minuit du 07/02/1995, A2, Réalisation Pierre Desfons, INA"Belle toujours", de Manoel de Oliveira, Distribution Les films du paradoxe."Difficultés administratives pour les sans papiers", JT 20h du 19/06/2008, FR2 "Marguerite Duras", FR2 06/03/1996, INA"Témoignage Rose Morvan", JT 20h du 12/11/2004, FR2"Antisocial", Carte blanche à… du 08/11/1980, FR3 Rouen, INA"ITW Bernie BONVOISIN", Le rock français du 14/02/1980, TF1, INA. * 1 J’éventerai le secret du domaine. Je prête serment que je ne mentirai pas. Je rapporterai avec fidélité les témoignages dont j’ai eu moi-même connaissance. Chaque fois qu’il sera nécessaire j’avertirai qui me lira des faits que j’ai pu vérifier, des propos qui me furent confirmés. Je notifierai de même, avec scrupule, les relations qui me paraissent douteuses, soit qu’elles proviennent d’une source ancienne, que je n’aurai pu contrôler, ou bien dont on m’a assuré qu’elles étaient déjà sujettes à controverse pour ceux-là mêmes qui les avaient émises, soit que la vengeance ou la mauvaise foi les ont pu inspirer, soit qu’elles aient été rétractées, ou contredites, ou qu’elles exhalent la colère d’une rumeur anonyme. * 2 Je ne divulgue pas des événements qui parurent monstrueux pour jeter le blâme sur des personnes. Ni pour jeter le discrédit sur un domaine auquel je suis attaché par la coutume et par le sang. Non plus pour perpétuer le souvenir les vieilles terreurs. Au contraire. Je romps un silence équivoque pour ruiner les fondements d’une malédiction lancée à tort sur ces terres, excellentes, sur ces forêts, profondes, sur ces montagnes, admirables. Je parle pour mettre fin à la mauvaise renommée qui entache sans raison, encore de nos jours, ces lieux, dont jadis on vantait la fortune et la bénignité. […] * 50 J’ai rapporté une histoire que les femmes et les hommes d’un domaine racontent. Légende qu’un royaume allègue pour fuir des terres immenses et autrefois prospères. Je n’ai rien modifié. Je n’ai rien celé. Je sais combien ces événements nous déroutaient, nous qui vivions. * 51 Car nous vivions. Jadis nous vivions. * _________ Pascal QUIGNARD, L’Enfant au visage couleur de la mort , conte, Galilée, Lignes fictives, 2006, 80 * Il y eut un silence, alors Claire lui demanda d’une voix moins âpre. * - Mais que cherches-tu ? J’aimerais bien comprendre. - Le bruit des vagues, Claire, le bruit des vagues. - Rien que cela ? - Justement – tout ! Si nous ne la voyons pas de dehors, chaque chose peut être infinie. - Mais n’est-ce pas une mutilation de toi-même et du monde ? - Cela se peut tout peut-être un néant qui aspire ou, au contraire , jaillit en source. C’est là qu’est le danger. Il y a un texte d’un écrivain allemand , Heinrich von Kleist, sur Le Théâtre des Marionnettes » qui m’a beaucoup frappé. Il dit que l’opérateur règle le jeu de ces poupées doit découvrir le chemin propre de l’âme du danseur, en se promouvant lui-même au centre de gravité de la marionnette, c’est à dire en dansant ; et il continue Depuis que nous avons goûté à l’Arbre de la Connaissance, le Paradis est verrouillé ; derrière nous est le Chérubin il nous faut faire autour du monde tout le voyage, et voir si, peut-être de derrière, il n’est pas ouvert quelque part, de nouveau… Dans la mesure où se fait plus obscure ou plus faible la réflexion obscure consciente, plus rayonnante et triomphante s’avance la grâce ou il n’y a aucune conscience ou une conscience infinie c’est à dire, et tout aussi bien, chez la marionnette et chez le Dieu. Il nous faudrait goûter une nouvelle fois à l’Arbre de la Connaissance, afin de retomber en l’état d’innocence. » - Mais c’est le contraire de tout ce que tu as toujours dit. - Le contraire , ou son apothéose ! tout le voyage autour du monde », c’est quand même la conscience qui le fait pour trouver la porte de derrière » qui pourrait être le bruit des vagues, le soleil sur la mer, la page d’un livre. C’est par la pensée que la pensée sera libérée ; c’est par un choix qu’il n’y aura plus de choix. Tout finira en commencement, mais d’abord, il y a le voyage. * Beaucoup plus bas, les vagues ondulaient doucement, il y avait à l’horizon, un minuscule bateau, frêle comme un papillon. Il se tourna vers Claire qui meurtrissait une fleur. Elle lui dit - Je voudrais t’aider, mais je ne peux pas, je ne peux pas ! * _______________________ Heather DOHOLLAU , La réponse, Editions Folle Avoine, * Dessins de Tanguy DOHOLLAU * * Un médecin nous apprend ce matin sa mort. Elle a été trouvée assise sous un arbre, imprégnée de rosée, dans un geste arrêté pour coudre. * Rêve dans le rêve. Les boulangers sur le pas de leur porte. La nuit résonne encore. Un sentier me conduit au lieu d’une pensée statufiée. * Les jardins n’acceptent plus leurs fruits, ils laissent la nuit les habiter. Les contrées éloignées du fleuve partent sous le sommeil * Elle boucle ses passages dans la chute des feuilles, les brouettes sans usage, dans l’eau qui parcourt maintenant librement les canalisations, qui visite ses hôtels, ses anciennes prisons, dans la nuit qui se couche parfois à quelques mètres du jour sous prétexte d’ombrage ou de ruine isolée. ________________________ * Patrick DUBOST, Celle qu’on imagine , Prix KOWALSKI, CHEYNE Editeur, 1993, * Le fruit d’été égrène ouvertement ses tavelures et son déclin * La peau débonde ses eaux de plus en plus étroites d’un sillon jusqu’à l’autre à la recherche d’un abri sûr * Il faudrait manger le fruit avant qu’il ne perde toute sa contenance * Le mot ressemble au fruit il a besoin d’un arbre qui ne le perde pas trop tôt * Mth PEYRIN, Capella , Collection Suspensions, Editions SANG D'ENCRE, 2007 Dédicace Parmi d’autres Lecteurs-Lectrices… Pour Mth cette petite histoire un tantinet extravagante à feuilleter le soir au coin du feu, près de la table à découper les viandes… Sic P A G Grigny en Forêt Nov. 07 * D’abord il fallait savoir si Baptiste n’avait pas rêvé, Une fois de plus. La guerre avait été longue, il y avait cette histoire de balle aussi ; les plus persifleurs du voisinage n’affirmaient-ils pas d’ailleurs que l’idiot avait une pipistrelle dans la cervelle ! Et puis surtout ni l’heure ni la saison n’encourageaient à l’aventure. [ …] Cependant, on ne sait comment, au moment de découper les viandes la conversation s’engagea, sans raison apparente, sur le crime des Granges Rouges… Toujours est-il que cette sordide affaire qui avait fait frissonner d’horreur tous les habitants du lieu-dit revenait sur le tapis, suscitait à nouveau méchantes querelles et vaines chicanes, portait les hommes à la colère, exaspérait les femmes, allait sous peu tout faire tourner au vinaigre tant l’atmosphère était soudainement tendue… […] C’en est assez de cette diable d’histoire nom de Dieu ! Allez-vous la fermer enfin ! » Abasourdi par cet éclat inattendu, un instant tout le monde se tut. Fourchettes et couteaux restèrent en suspens au-dessus des viandes saignantes. Baptiste leva le nez. Alors un hurlement monstrueux déchira la nuit, nous pétrifiant d’épouvante ? […] L’essentiel n’était-il pas de trouver d’où cela venait ? Après, nous verrions bien… * _______________ Pierre AUTIN-GRENIER, Un cri, Cadex édition, Texte au carré, 2006, 20, 23. Illustrations de Laurent Dierick Préface de Dominique Fabre * Les infirmières, les yeux recouverts de paupières, le disent, ça doit être vrai, c’est fini. Je n’ai pas réussi à tordre les horloges, je n’ai pas réussi la magie, ni l’amour ni la médecine ni rien. Lisa a jeté son cœur contre le mur, papa va le ramasser. Je me jette contre le mur, papa va me ramasser. Fracas de bulldozers qui se rentrent dedans. Les infirmières arrivent dans la chambre avec des yeux de vous faites trop de bruit ». Ça n’existe pas ! Dites-moi que ça n’existe pas, les petits pas en plastique des infirmières qui claquent sur le linoléum. Tu es endormie, tu es fatiguée, tu vas te » reposer en paix. Oui ? On a ramassé les cœurs, on s’est tenus les uns aux autres avec la mécanique des bras, et on a quitté la chambre. Le silence est partout, épais comme une dalle. On quitte le bâtiment. [ …] Nous sommes dévissés. Comme des alpinistes à qui on vient d’enlever la paroi de montagne à laquelle ils sont accrochés. Même si on s’y prépare, c’est toujours un coup sec, le moment précis où ça lâche. C’est fini. » [ …] Le vide , c’est grand. A la sortie de l’hôpital, il nous attend. Il me fait peur pour toujours. Papa et Lisa partent en voiture, ils doivent aller chercher des vêtements pour toi. Ils errent comme des ombres et moi j’attends sur le parking. Parce que ton frère est sur la route. Il arrive pour voir sa sœur morte. Il repartira avec son sac de vide à porter toute la vie lui aussi. [ …] Et Lisa et papa qui doivent aller ouvrir le placard de ta chambre pour te choisir ton dernier habit ! Le parfum de lessive va venir caresser leurs narines quand ils vont remuer le tissu. C’est le début des caresses coupantes, celles qui se plantent dans les vieux souvenirs. * * * _________ Mathias MALZIEU, Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi , J’AI LU , 2007, à 18. * _ Du corps de l’amour, l’enfant est souvent l’éclat arraché. * Il est dans la douleur que l’adulte lui dispense sans compter. * Proie laissée en pâture à ceux qui disent l’aimer et qui le font maillon pourtant de la chaîne interminable du malheur où chacun crie vengeance . * Lui ploie sous le fardeau trop lourd qu’il a à supporter, racheter, guérir faillites et divorces, pertes, carences, désillusions, plaies sans cicatrices des rêves parentaux. * On lui demande d’être vieux avant l’âge. Il habite encore son propre espace qui est celui de son enfance mais qui résonne d’éclats de voix, de départs, de guerres sanglantes qui le laissent, lui, prisonnier, pantelant et meurtri. * Les déchirements successifs se vivent dans le noir de sa terre qu’il ne peut fuir. Et sa nuit n’est plus jamais d’étoiles mais de cauchemars et de peur. * Comment alors n’en pas mourir, arriver à grandir ? * L’enfant a sa propre défense. Il va parler lui aussi de la langue étrangère au bonheur. A chaque demande, un refus. * Tu m’as brisé, capturé dans ta vie qui n’était pas la mienne, dit-il à sa mère, tu m’as abandonné, toi mon père, trompé maintes et maintes fois, dans mes mains tendues tu n’as posé que des objets. Ils devaient tenir lieu de présence. Ils étaient vides. * * * ___________________________________ Sylvie FABRE G . , première éternité, noces, Paroles d’Aube, 1997, Donc, cet arbre c’est moi ! Ce rocher. Cette souche. Ce lierre imbécile que sa fonction accroche à peu importe quoi. C’est moi cette mousse arrondissante. C’est moi ce bruit qui vient. Ce sanglier qui m’approche ! Suis-je autant devant moi ? Et comment à l’intérieur tenir dans le même ordre, ce que je suis en la nature ? Donc, c’est moi ce qui s’approche de moi et que je ne vois pas ! Cette mousse qui lentement arrondit les angles. & J’envisage l’écriture comme un bricolage. Un morceau de scotch pour une chanson dans les guirlandes attachantes du tamier. Au fond de la forêt, je colle un théâtre d’ombres et de marionnettes en papier. Un roman marche avec moi dans les ficelles du chemin. J’épingle des oiseaux dans le fût des sapins. Profite du vent pour balayer les acquis. J’espère l’image du lynx pour tout cela . La poésie. & Si j’écris comme des visages . Il se passe ma mère. Le mien peut-être dans la galerie des Glaces du château de Versailles. Il se passe la face de quelque chose qui s’avance et se penche sur la table de nuit. Des fruits dévorés. Un tournoiement de nez. Des dents sur des mamelons. De la chair arrachée – de l’éterle ou pas, la nourriture. C’est le tout d’un jour. Ce que j’ai vu, enfermé à double tour dans la forêt. Derrière cet arbre. Non, l’autre. L’autre encore. Au profond de la forêt. Mais me voilà déjà dehors. * Joël BASTARD, Le sentiment du lièvre, NRF Gallimard , 2005, * ÉCRIRE … POURQUOI ? […] Extraire de la vie le suc qui la nourrit * Témoigner de l’instant sans en lester le sens […] Marcher légèrement sous le fardeau des êtres * Manifester l’humour serti dans l’ordinaire * Parler comme une voix qui répond à mille autres […] Savoir longtemps attendre la montée du mot juste * Respecter le silence en cherchant la chanson […] Accueillir la beauté et lui tendre un miroir […] Dire les pas obscurs de notre âme en gésine * Agnès GUEURET, Sur les sentiers de Qohéleth, Palimpsestes, le corridor bleu, 2007, * Un visage, lorsqu’il prend texture de vent et perd ainsi son modelé de jeune ou vieux sarment, atteint à la cruauté de toute vie séparée. Dès lors, l’espace imaginaire qui va de l’amour à la mort, en négligeant la nudité, n’est plus que le sourire plombé de la nuit, la lune écartelée. Mais que cherchons-nous dans le champ des étoiles ? Cet autre sourire, jeune comète qui, dans sa lumière de blé mûr, contient tous les âges du monde source de vent et feu discret, secret comme fumée, où, des mains aux lèvres, tremble l’éternité… * […] * J’ai étouffé la survivance La carnation de la beauté en trahissait les feux compacts. L’or était chaud à deux pas de la source Le sang veinait les gorgées du silence, Le soir avait grandi une dent solitaire Je me sentais le corps tendu, Et j’ai dit que j’aimais. * _____________________ Jean-Christophe SCHMITT, Premier Séjour & Le Lys ou la Tourmente, Cahiers Bleus, Librairie bleue, 1985, LIRE LA SUITE Sans doute l’avez vous remarqué si vous suivez Raphaël Pépin et d’autres candidats de télé réalité, le beau-gosse fêtait son anniversaire hier et nombreux sont ceux qui se sont succédés pour le lui souhaiter… En effet, hier, mardi 23 octobre, Raphaël Pépin a reçu de nombreux messages d’anniversaires de la part de ses camarades de télé réalité et de certains de ses amis. Mais il y en a un qui a décidé de faire dans l’humour, c’est le boxeur Tony Yoka. Article populaire Il a dévoilé un cliché très particulier de la blessure que Raphaël s’est fait sur le tournage de La Villa des Coeurs Brisés, lorsque la table en verre avait explosé sous le poids du jeune homme et de deux de ses camarades. Regardez et ne nous demandez pas qui a pris ce cliché! Dans l'épisode du jeudi 23 juin 2022, cinq candidats quittent "La villa des coeurs brisés". De son côté, Allan règle ses comptes avec Maïssane. Attention, article 100% l'arrivée de Cécile et Anissa,anciennes candidates de Mariés au premier regard, plusieurs candidats font leurs au revoir. Dans l'épisode de "La villa des coeurs brisés" du jeudi 23 juin 2022, l'heure de la cérémonie des bracelets a en effet sonné. C'est donc en compagnie de la love coach Lucie Mariotti que les habitants font le point sur leur aventure. Pour Franck, célibataire arrivé en tant que séducteur, c'est déjà l'heure de partir. Lui qui a trouvé l'amour auprès de la jolie Paola confie "C'est une rencontre inédite. Je suis venu pour séduire et en fin de compte la vie fait bien les choses. Avec autant de connexion et de feeling on ne s'est pas lâché." "Avec elle j'ai tout gagné. Je suis un gagnant et j'ai gagné la bataille" ajoute Franck. Face à Lucie, Paola confirme ensuite qu'elle souhaite s'envoler avec son amoureux. La vilLa villa des coeurs brisés premier "je t'aime" pour Flo et CharlotteUn moment rempli d'émotion qui est suivi par le départ de Charlotte et Flo. Après avoir expliqué qu'il avait fait la connaissance de la mère de Charlotte, le jeune homme fait une magnifique déclaration à l'ex de Giovanni. "Tu peux me faire confiance. Je ne vois que toi, personne d'autre. Je t'aime" lui déclare-t-il. "Moi aussi" répond Charlotte, émue. Elle qui avait rejoint l'aventure pour reconquérir son ex a avoué avoir changé au cours du programme. "Je ne me reconnais pas. Je remercie Flo. Le meilleur est à venir. Tu es mon unique amour, je t'aime vraiment." explique-t-elle. De quoi tirer quelques larmes à Belle... "Vous êtes prêts à voler de vos propres ailes ?" questionne Lucie. "On va quitter l'aventure ce soir" répond alors le couple. C'est là que Charlotte fond totalement en larmes . "C'est une aventure unique qui marque ma vie à tout jamais" villa des coeurs brisés Joezi répand sa magie, Alan règle ses comptesAlors que Charlotte, ancienne candidate de Koh-Lanta fait le point sur son premier coaching et que Noémie découvre un message de son frère Sisika, c'est ensuite Joezi qui est mis à l'honneur. "Ce que tu as fait, c'est-à-dire simplement être toi, ça a répandu la magie. C'est la première fois que je dis ça à quelqu'un ... Il est temps pour toi de déployer tes ailes" lui confie Lucie avant de lui remettre un bracelet or, signe de son départ. "Ça me touche qu'il parte" avoue Nico, son meilleur ami de l'aventure. Après la table ronde, Charlotte et Alex mettent enfin les choses au clair sur une possible relation entre eux. Mais la jeune femme reste sur ses gardes pour voir si le Marseillais est vraiment sincère. De son côté, Allan en fait de même avec son ex Maïssane. S'il l'a laissée dans le flou avant de rejoindre le programme, il souhaite mettre un point final à leur histoire depuis qu'il est tombé sous le charme de Belle. "Je ne vais pas te mentir j'ai rencontré quelqu'un et je ne peux pas contrôler mes sentiements. Je suis trop bien avec elle." avoue-t-il. Des confessions qui ne plaisent pas à la principale intéressée. "Tu as des coups de coeur toutes les deux semaines !" villa des coeurs brisés Cécile et Anissa en dateAutre ambiance pour Cécile et Anissa. Dès leur arrivée, la mère et la fille partent en date sur la plage. Un rendez-vous difficile pour la mère de famille qui n'arrive pas à se séparer de sa fille. Donneront-elles suite ? Affaire à suivre... Inscrivez-vous à la Newsletter de pour recevoir gratuitement les dernières actualités © Capture TFX 2/12 - La villa des coeurs brisés Nico quitte l'aventure © Capture TFX 3/12 - La villa des coeurs brisés Lucie lui a donné un bracelet or. Pour elle, il est allé au bout de son aventure © Capture TFX 4/12 - La villa des coeurs brisés Noémie a reçu un message de son frère Sisika © Capture TFX 5/12 - La villa des coeurs brisés Franck a trouvé l'amour avec Paola. Ils quittent aussi la villa © Capture TFX 6/12 - La villa des coeurs brisés De même pour Charlotte et Flo © Capture TFX 7/12 - La villa des coeurs brisés Un départ qui l'a émue © Capture TFX 8/12 - La villa des coeurs brisés Joezi aussi a réglé sa problématique © Capture TFX 9/12 - La villa des coeurs brisés De leur côté, Charlotte et Alex évoquent leur relation © Capture TFX 10/12 - La villa des coeurs brisés Cécile et Anissa parent en date sur le plage © Capture TFX 11/12 - La villa des coeurs brisés Allan règle ses comptes avec son ex Maissane pour le bien de sa relation avec Belle © Capture TFX 12/12 - La villa des coeurs brisés La valise a "pookie" débarque...

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